Le rêve

Le souffle frais, les lèvres délicates, le sourire lumineux, les yeux en perpétuelle floraison – nous perdons constamment cela. Nous nous accrochons malgré tout à ce beau rêve – le rêve! Celui qui ne doit, ne devrait, jamais… Une source qui ne devrait jamais se tarir.

Mais nous rêvons, et perdons et perdons, toujours plus, quelle que soit la couleur qui enveloppe le rêve. Enfin, c’est ce que nous craignons, une crainte irrationnelle qui sommeille en nous depuis le début, enfouie bien profondément, que l’on essaie toujours de chasser dès qu’elle semble vouloir s’ébrouer comme le ferait une bête au sortir de sa tanière ; mais maintenant un torrent puissant semble s’écouler de nos âmes, charriant tous les moments passés jamais vécus et ceux à venir qui ne se dévoilent qu’en un monde de possibilités noyées dans un tissu d’ombres aux contours flous et mordorés, aussi vite entrevues qu’emportées par les flots ; et nous nous vidons ; nous ne voyons plus rien que l’eau tumultueuse ; impossible de reprendre son souffle ; sous nos pieds, le vide ; quant au rêve, il se déverse dans un océan de perte et de solitude, et nous nous enfonçons avec lui et plus nous rêvons, plus nous descendons dans l’abîme.

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